Colloque national « Relire Tassadit Yacine : Entre engagement, apport académique et "enracinement culturel" »

24-25 mars 2026 Béjaia (Algérie)

FR EN

Préambule

Une rencontre impromptue entre les rayons d’une bibliothèque avec un écrivain et un anthropologue d’exception et elle voit s’ouvrir grande devant elle la voie académique du monde des études amazighes. Cinquante ans plus tard, il n’est plus besoin de présenter l’illustre Tassadit Yacine pour qui sait sa générosité intellectuelle. Aujourd’hui, il n’est pas risqué de dire qu'elle est la dépositaire de la mémoire, de l’œuvre voire même de la sensibilité intellectuelle de Mouloud Mammeri grâce auquel l’on a gagné une butineuse dans le champ fleuri du domaine amazigh. Mammeri par qui s’est produite la reconversion heureuse de la jeune diplômée en langue et culture espagnoles qui a fini doctoresse en anthropologie (1992). Côtoyer des autorités scientifiques de la stature de l’Amusnaw mais aussi du sociologue Pierre Bourdieu, de l’historien André Nouschi et du philosophe Mohamed Arkoun, pour ne citer que ces repères, a nourri l’âme et l’esprit, forgé la personnalité et enrichi la pensée de Tassadit Yacine. Son œuvre anthropologique a aujourd’hui valeur de référence dans le domaine de la recherche scientifique et apporte des clés pour comprendre davantage la société kabyle, dans ses représentations, ses structures et son imaginaire.

Les études de Tassadit Yacine s’inscrivent dans l’évolution des études anthropologiques qui réorientent l’intérêt sur les questions identitaires. Elles se distinguent par une approche qui intègre les outils de l’analyse anthropologique et l’analyse de la littérature orale comme réservoir de la matière socioculturelle amazighe, précisément kabyle, en étant à la fois sujet et objet de la société qu’elle étudie. Ce retour vers soi et cette focalisation sur le « même » l’installe dans une proximité féconde avec les sujets d’étude, et où l’on ne retrouve pas la traditionnelle distanciation qui recommande de s’intéresser à « l’autre ».

De son engagement académique ne faut-il pas voir en elle l’un de ces « esprits habités par la révolte, la remise en cause de tout ce qui est opprimant, imposé de l’extérieur [pour lesquels] déceler ces oppressions, se révolter contre elles, les combattre devient alors leur raison d’être » ? (Tidjet, 2022, p.73). L’intellectuel(l)e ne se montre-t-il (elle) pas ainsi dans un élan de militantisme culturel, voire politique, qui le (la) ferait « intellecturel(l)e » ?

Aujourd’hui, « la dette intellectuelle » que l’on a envers Bourdieu, Mammeri, Sayad et tous les infatigables du savoir, les penseurs et passeurs de culture et de science, est également à honorer envers elle. Pour éclairer la recherche sur la valeur ajoutée des travaux de Tassadit Yacine, depuis « Poésie berbère et identité : Qasi Udifella héraut des At Sidi Braham » (1987) jusqu’à « Relire Feraoun : Entre lucidité, combat et engagement » (2023), et parce qu’il y a un capital à considérer d’un point de vue analytique mais aussi critique, et enfin parce qu’il est nécessaire que nous nous occupions de l’histoire des savoirs cumulés pour la langue et la culture amazighes, nous proposons de le faire dans le cadre d’un colloque autour de son expérience et de ses œuvres, en invitant les chercheurs à y jeter des regards croisés, critiques et avisés.

Quelques axes de réflexion

Œuvres de Tassadit Yacine : Lectures critiques.
L’intellectuel(l)e et « l’enracinement culturel ».
Mammeri-Yacine : écrits, proximité et influences.
Bourdieu dans l’œuvre de Tassadit Yacine.
Recherches anthropologiques et choix méthodologiques.
L’anthropologie entre objectivisme et subjectivisme, entre le culturel et le politique.
L’anthropologie culturelle à l’heure des réalités amazighes d’aujourd’hui.
La production de Tassadit Yacine : une voix pour les dominées.
Awal : Expérience éditoriale et académique de Mammeri à Yacine.
De la littérature orale et de son enseignement.

Vie privée | Accessibilité